Se lancer dans l’entreprenariat a toujours été une aventure risquée. Les outils « académiques » traditionnels comme le Business Plan essayaient de prévoir le futur. L’accélération des transformations du monde économique a rendu ces approches encore plus illusoires.

Aujourd’hui, l’approche la plus à la mode dans les écosystèmes startups est le Lean Startup. Cette approche très analytique considère la validation du business model comme une série d’expériences (Build) permettant de récolter des données (Measure) dont l’analyse permet de tirer des enseignements (Learn). L’entrepreneur doit ainsi être capable d’atteindre une adéquation entre un produit et un marché (Product-Market Fit).

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Il existe cependant des alternatives qui mettent plus en avant l’humain, l’échange et le partage de ressources. En tête de ces alternatives se trouve l’effectuation.

Origine de l’effectuation

Saras Sarasvathy et son collègue Stuart Read sont des universitaires avec un passé d’entrepreneurs. Ils ont constaté que ce qui était enseigné en entreprenariat dans les écoles de management était très loin de la réalité.

Saras Sarasvathy a donc étudié la façon de résoudre des problèmes de 27 entrepreneurs ayant réussi une introduction en bourse. Elle en a déduit une série de 5 principes communs à la majorité de ces entrepreneurs. Ces principes publiés en 2001 forment une méthode qu’elle a appelé « Effectuation ».

Les 5 principes de l’effectuation

Ces 5 cinq principes sont les suivants :

  1. Bird in the Hand

Les entrepreneurs ne partent pas de buts mais des ressources déjà à leur disposition : qui ils sont (personnalité, goûts etc.), ce qu’ils possèdent (biens, compétences etc.) et leur réseau de relations.

  1. Affordable Loss

Les entrepreneurs ne se focalisent pas sur les profits potentiels mais sur la perte maximale (temps, argent, réputation etc.) qu’ils sont prêts à accepter et sur les moyens pour limiter cette perte.

  1. Crazy Quilt

L’entrepreneur va ensuite mettre en commun ses ressources avec d’autres parties-prenantes pour co-créer. Afin de compenser le risque lié au fait qu’il va utiliser des ressources qu’il ne contrôle pas, l’entrepreneur va demander un engagement préalable de ses interlocuteurs (exemple : si j’ajoute une fonctionnalité dans ce produit, est-ce que tu es prêt à m’en commander 10 unités ?).

Cette mutualisation / co-création permet ainsi de définir de nouveaux buts et de dégager de nouveaux moyens pour l’entrepreneur. Ceci construit un cycle de ressources croissantes.

  1. Lemonade

Ce quatrième principe vient du proverbe “Si la vie te donne des citrons, fais de la limonade”. Les entrepreneurs sont influencés par les changements dans leur environnement et accueillent ces changements comme étant autant de nouvelles opportunités. Cet environnement modifie les moyens qu’ils ont à leur disposition et va influencer les buts qu’ils peuvent se donner.

C’est de ce cycle convergeant des contraintes sur les buts que va naître l’innovation : de nouvelles entreprises, de nouveaux produits et de nouveaux marchés.

  1. Pilot in the plane

Ce principe est une synthèse des quatre précédents. L’entrepreneur ne se contente pas de subir les modifications de son environnement. De part les moyens qu’il acquière et les buts qu’il se fixe, l’entrepreneur peut à son tour modifier son environnement. Le futur ne peut pas être prévu mais il peut être contrôlé.

Conclusion

Contrairement au Business Plan ou au Lean Startup, l’effectuation n’est pas une méthode décrétée. C’est une méthode empirique issue de l’observation du comportement d’entrepreneurs expérimentés. Elle offre une vision plus humaine et plus instinctive de l’entreprenariat.

Ces méthodes ne sont pas pour autant exclusives les unes des autres. Si elles ont chacune leur cohérence, ce sont autant de boites à outils à combiner pour se lancer avec succès !